Bonjour,
Je n'arrive pas à dormir alors je viens chercher un peu de réconfort suite à ton message Liliber.
C'est la première fois que je trouve un endroit ou parler de ce que je vis.
Je suis maman de 2 enfants de Lilian 4 ans et Timoté 13 mois. Mon mari est invalide depuis novembre. Il avait une entreprise que nous avons dû fermer.
Le quotidien est devenu progressivement un enfer.
Excusez moi si mon propos est décousu car je suis si fatiguée que j'ai du mal à coordonner mes idées.
Je suis avec mon mari depuis 18 ans, nous sommes mariés depuis 8 ans.
Lorsque je l'ai connu il était en dépression et venait de rompre avec son ex. Laissant derrière lui une femme enceinte et une enfant qu'il pensait être de lui.
Je l'ai aidé à sortir de l'emprise de ses parents. Je lui ai fait débuter une thérapie.
J'ai moi même été en difficulté à la fin de ma formation d'éducatrice. Je l'ai fini dans des conditions très difficiles écrivant mon mémoire de fin d'études "contre moi". Les mots ne voulaient pas sortir. Bref c'était un enfer. J'avais commencé une thérapie. Mon premier poste de travail en rapport avec mon métier a été un fiasco : hépatite médicamenteuse et harcèlement moral. J'ai trouvé un boulot dans une administration et m'y suis "cachée" pour me reconstruire. Depuis 10 ans j'ai un poste qui me plaît en contact avec le public. Il y a 9 ans j'ai fait une sciatique paralysante. 4 mois sous morphine. Avant l'opération, je me levait une heure par jour en 4 fois. L'opération a été un miracle je ne souffrais plus et je marchais comme avant. J'ai ré appris les gestes de la vie quotidienne.
Mon mari a ouvert son entreprise, naturellement je suis devenue conjointe d'artisan avec tout ce que ça comporte : gestion des papiers, compta, devis, factures etc... J'ai appris à me taire car tout ce qui est dit engage l'entreprise et ne peut être compris.
J'ai été diagnostiquée pour une thyroïdite auto immune suite à un problème d'infertilité. (Cela faisait des années que par moment j'étais trompée la nuit depuis mon hépatite) Et Lilian est arrivé tout seul un peu plus tard.
Gros boulversement dans ma manière de penser et dans ma vie de femme et de couple. (allaitement long, portage en écharpe, éducation sans violence,...) Je me mure dans mes idées pour faire face au quotidien. Mon mari en a terriblement souffert. Sa maladie commence à se déclarer en 2010. En voyant son fils grandir il doit faire face à l'afflux de souvenirs terrible d'enfant battu. L'entreprise vie des moments de plus en plus difficiles pour des causes extérieures. Mais déjà à la naissance de Noa nous avions à peine de quoi manger. Lorsque je reprend le travail en 2008, il a 5 mois et je fais les courses avec 10€/sem. Pendant un an je me nourris le midi d'un sachet de potage dans lequel j'ajoute une boite de pois chiches ou de haricots rouges. Mon mari n'en sait rien. Je lui ai appris récemment. Il trime pour faire rentrer l'argent. Il souhaite que j'arrête l'allaitement. Mais je n'arrive pas à le faire car il y a toujours quelquechose qui vient contre carrer mes plans.
Je souhaite un autre enfant pas lui. Je respecte son avis et me fait à l'idée. Je me retrouve enceinte et mon mari me présente ça comme un cadeau. En réalité il n'en veut pas et me le reproche depuis ce temps. Cela fait déjà un mois qu'il est à bout au niveau de son travail. Ce chantier qui devait durer 1 mois durera 4 mois et ne sera pas terminé. Il est en arrêt en juillet 2010 et ne reprendra pas.
Je suis enceinte de 3 mois et commence un enfer. Il ne supporte pas le bruit. Nous devons vivre en parlant tout bas. Il se lève très tard dort énormément refuse l'hospitalisation. Les médicaments ont beaucoup d'effets secondaires. Il a des envies de meurtre dont il me parle et qui en restent là. Nous discutons beaucoup et il fait face aux envies de suicide et au reste. Je continue les papiers de l'entreprise qui doit rester ouverte sinon plus d'indemnisation d'arrêt. Je suis mieux au travail qu'à la maison alors j'évite les arrêts car il a besoin de calme et notre présence ne lui permet pas de se reposer. Il est présent à la naissance de Timoté et fait face à mon accouchement express en 3/4 d'heure (Timoté naît à la porte des urgences).
Lorsque je suis fatiguée ou qu'il a une crise, je prends mes enfants et je file chez mes parents pour du relais
A Pâques je découvre que Noa est intolérant au gluten et au lait de vache. Je soupçonne que mon mari aussi. Je mets tout le monde au régime. Je découvre que moi aussi j'y suis et que Thomas est intolérant à la caséine.
J'ai repris le travail en juillet. Problème de nourrice. Je n'arrive plus à gérer les contraintes de mon travail. Je m épuise de plus en plus. Je suis en arrêt depuis le 19 janvier. La gastro a tourné 4 fois dans la famille donc je récupère à peine. Juste un peu au niveau moral. Mon mari a un nouveau médicament génial depuis 1 mois. Je le retrouve un peu. Il me seconde comme il peut mais s'épuise en un rien de temps et nouvelle crise il y a 15j. Nous avons décidé que j'aille chez mes parents pour être secondée car avec le lumbago c'était pas cool. Il a très mal pris que je lui dise qu'il me fallait plus de temps pour récupérer. Hier soir j'étais à la gendarmerie pour signaler sa disparition et un message où il voulait se suicider. Je dois être convoquée pour une médiation avec eux pour lui faire entendre que je ne l'ai pas quitté mais que je suis exténuée et que je ne sais plus d'où j'en suis. J'ai encore perdu 1 Kg (51kg) j'avais mal partout avant une ampoule de vit D. Je n'ai plus d'idées de menus, ce que je cuisine n'a plus de goût.
Tout le quotidien tourne autour de lui et moi j'y laisse trop de plumes je dis stop il faut trouver autre chose.
Voilà mon parcours, un vrai roman ... désolée ...